1 Num 1030 - "Ma campagne d'Orient 1917-1918" Pierre Roussel., item 9
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Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
15
ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour
le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine
demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la
lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer
le rapport aux officiers, puis j'irai souper au
Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je
retrouverai ma paillasse.
Mardi, 2 Janvier 1917
Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.
Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,
mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,
nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est
remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.
J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui
veilleront sur moi.
Vendredi, 5 Janvier
Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des
Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.
Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un
cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux
malades atteints de rougeole. On prend des mesures
sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous
pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.
Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous
emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par
le "Timgad".
Dimanche, 7 Janvier
Le bateau est arrivé. C'est l' "Ionie", de la 6ie
Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à
Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.
L' "Ionie" porte un grand nombre de radeaux,
possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il
sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons
demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.
On vient de dire que les comptables de chaque compagnie
_________________________________
(I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il
nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).
(2) C'était un autre restaurant.
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
15
ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour
le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine
demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la
lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer
le rapport aux officiers, puis j'irai souper au
Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je
retrouverai ma paillasse.
Mardi, 2 Janvier 1917
Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.
Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,
mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,
nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est
remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.
J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui
veilleront sur moi.
Vendredi, 5 Janvier
Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des
Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.
Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un
cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux
malades atteints de rougeole. On prend des mesures
sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous
pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.
Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous
emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par
le "Timgad".
Dimanche, 7 Janvier
Le bateau est arrivé. C'est l' "Jonie", de la 6ie
Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à
Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.
L' "Jonie" porte un grand nombre de radeaux,
possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il
sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons
demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.
On vient de dire que les comptables de chaque compagnie
_________________________________
(I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il
nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).
(2) C'était un autre restaurant.
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
15
ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour
le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine
demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la
lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer
le rapport aux officiers, puis j'irai souper au
Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je
retrouverai ma paillasse.
Mardi, 2 Janvier 1917
Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.
Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,
mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,
nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est
remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.
J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui
veilleront sur moi.
Vendredi, 5 Janvier
Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des
Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.
Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un
cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux
malades atteints de rougeole. On prend des mesures
sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous
pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.
Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous
emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par
le "Timgad".
Dimanche, 7 Janvier
Le bateau est arrivé. C'est l' "Jonie", de la 6ie
Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
15
ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour
le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine
demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la
lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer
le rapport aux officiers, puis j'irai souper au
Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je
retrouverai ma paillasse.
Mardi, 2 Janvier 1917
Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.
Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,
mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,
nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est
remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.
J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui
veilleront sur moi.
Vendredi, 5 Janvier
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
15
ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour
le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine
demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la
lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer
le rapport aux officiers, puis j'irai souper au
Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je
retrouverai ma paillasse.
Mardi, 2 Janvier 1917
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
Mardi, 26 Décembre
Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à
rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,
formé bien après le nôtre, est à ce moment
à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses
compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"
doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun
____________
(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon
de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour
Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.
Après notre départ beaucoup de gradés sont partis
directement pour Salonique.
Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami
surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient
à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis
demain, chez Lui.
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Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
Des camarades reçoivent
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .
des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous
et elles ont oublié de s'habiller.
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
Nous avons acheté des femmes. Oh!
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
Il faut croire que cette situation est spéciale au temps
de guerre; les formations étant là pour quelques jours
seulement, les chefs se désintéressent.
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se
laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,
les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et
inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus
sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.
-
Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand
je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon
frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé
à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:
<< Au moins les soldats sont bien installés !
Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!
Dans les couloirs il y a des mazes d'urines
parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,
la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre
deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en
a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve
des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent
Description
Save description- 37.2767579||9.8641609||
Bizerte, Tunisie
- 35.6970697||-0.6307988||
Oran, Algérie
- 40.6400629||22.9444191||
Salonique
- 36.0131235||0.1401381||
Mostaganem, Algérie
- 36.9264582||7.7525352||
Bône (Annaba, Algérie)
- 31.952162||35.233154||
Palestine
- 31.791702||-7.09262||
Maroc
- 46.227638||2.213749||
France
- 40.613007||23.4398508||
Jankovo, Macédoine (Mesopótamon Anaselítsas)
- 36.700987||3.0595069999999396||||1
Location(s)
Story location
Document location Bizerte, Tunisie
-
Additional document location Oran, Algérie
-
Additional document location Salonique
-
Additional document location Mostaganem, Algérie
-
Additional document location Bône (Annaba, Algérie)
-
Additional document location Palestine
-
Additional document location Maroc
-
Additional document location France
-
Additional document location Jankovo, Macédoine (Mesopótamon Anaselítsas)
- ID
- 21713 / 255799
- Contributor
- Archives départementales de la Drôme
December 24, 1916 – January 7, 1917
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- Français
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- Balkans
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- Remembrance















































































































































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