1 Num 1030 - "Ma campagne d'Orient 1917-1918" Pierre Roussel., item 9

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      Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

<< Au moins les soldats sont bien installés !

Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

de guerre; les formations étant là pour quelques jours

seulement, les chefs se désintéressent.

     Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

et elles ont oublié de s'habiller.

     Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

directement pour Salonique.

     Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

demain, chez Lui.

Mardi, 26 Décembre

     Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

formé bien après le nôtre, est à ce moment

à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

____________

(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


15


ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

retrouverai ma paillasse.                                                

Mardi, 2 Janvier 1917

Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

veilleront sur moi.                                                                          

Vendredi, 5 Janvier

Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des

Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.

Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un

cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux

malades atteints de rougeole. On prend des mesures

sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous

pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.

Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous

emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par

le "Timgad".                                                                                  

Dimanche, 7 Janvier

Le bateau est arrivé. C'est l' "Ionie", de la 6ie

Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à

Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.

L' "Ionie" porte un grand nombre de radeaux,

possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il

sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons

demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.

On vient de dire que les comptables de chaque compagnie

_________________________________

(I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il

nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).

(2) C'était un autre restaurant.

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      Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

<< Au moins les soldats sont bien installés !

Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

de guerre; les formations étant là pour quelques jours

seulement, les chefs se désintéressent.

     Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

et elles ont oublié de s'habiller.

     Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

directement pour Salonique.

     Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

demain, chez Lui.

Mardi, 26 Décembre

     Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

formé bien après le nôtre, est à ce moment

à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

____________

(I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


15


ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

retrouverai ma paillasse.                                                

Mardi, 2 Janvier 1917

Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

veilleront sur moi.                                                                          

Vendredi, 5 Janvier

Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des

Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.

Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un

cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux

malades atteints de rougeole. On prend des mesures

sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous

pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.

Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous

emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par

le "Timgad".                                                                                  

Dimanche, 7 Janvier

Le bateau est arrivé. C'est l' "Ionie", de la 6ie

Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à

Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.

L' "Ionie" porte un grand nombre de radeaux,

possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il

sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons

demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.

On vient de dire que les comptables de chaque compagnie

_________________________________

(I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il

nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).

(2) C'était un autre restaurant.


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  • November 28, 2018 07:06:14 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


    15


    ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

    le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

    demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

    lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

    le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

    Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

    retrouverai ma paillasse.                                                

    Mardi, 2 Janvier 1917

    Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

    Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

    mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

    nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

    remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

    J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

    veilleront sur moi.                                                                          

    Vendredi, 5 Janvier

    Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des

    Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.

    Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un

    cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux

    malades atteints de rougeole. On prend des mesures

    sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous

    pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.

    Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous

    emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par

    le "Timgad".                                                                                  

    Dimanche, 7 Janvier

    Le bateau est arrivé. C'est l' "Ionie", de la 6ie

    Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à

    Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.

    L' "Ionie" porte un grand nombre de radeaux,

    possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il

    sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons

    demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.

    On vient de dire que les comptables de chaque compagnie

    _________________________________

    (I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il

    nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).

    (2) C'était un autre restaurant.

  • November 28, 2018 06:37:24 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


    15


    ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

    le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

    demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

    lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

    le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

    Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

    retrouverai ma paillasse.                                                

    Mardi, 2 Janvier 1917

    Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

    Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

    mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

    nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

    remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

    J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

    veilleront sur moi.                                                                          

    Vendredi, 5 Janvier

    Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des

    Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.

    Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un

    cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux

    malades atteints de rougeole. On prend des mesures

    sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous

    pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.

    Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous

    emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par

    le "Timgad".                                                                                  

    Dimanche, 7 Janvier

    Le bateau est arrivé. C'est l' "Jonie", de la 6ie

    Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à

    Dakar. J'ai vu plusieurs fois ces courriers à Oran.

    L' "Jonie" porte un grand nombre de radeaux,

    possède la T.S.F. est armé d'un canon à l'arrière. Il

    sera escorté par des torpilleurs. Nous embarquerons

    demain, lundi, à 17 heures et nous partirons à minuit.

    On vient de dire que les comptables de chaque compagnie

    _________________________________

    (I) Bien qu'en instance de départ, il a obtenu sa permission. Il

    nous a rejoints en février alors que nous étions à Jankovo (Macédoine).

    (2) C'était un autre restaurant.


  • November 28, 2018 06:34:05 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


    15


    ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

    le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

    demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

    lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

    le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

    Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

    retrouverai ma paillasse.                                                

    Mardi, 2 Janvier 1917

    Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

    Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

    mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

    nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

    remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

    J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

    veilleront sur moi.                                                                          

    Vendredi, 5 Janvier

    Aujourd'hui c'est la fête du Mouloud, la Noël des

    Arabes. Le quartier est libre. Notre départ ne peut tarder.

    Lundi prochain, 8, je crois qu'on filera, à moins d'un

    cas extraordinaire, d'une épidémie. Nous avons deux

    malades atteints de rougeole. On prend des mesures

    sérieuses pour éviter la contagion. A présent nous

    pouvons nous attendre à partir d'un moment à l'autre.

    Un bateau peut entrer à midi, par exemple, et nous

    emporter dans la soirée. On dit que nous allons partir par

    le "Timgad".                                                                                  

    Dimanche, 7 Janvier

    Le bateau est arrivé. C'est l' "Jonie", de la 6ie

    Taquet qui autrefois assurait le service de Marseille à


  • November 28, 2018 06:29:24 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


    15


    ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

    le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

    demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

    lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

    le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

    Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

    retrouverai ma paillasse.                                                

    Mardi, 2 Janvier 1917

    Demain mercredi, nous passons la revue du colonel.

    Au régiment on ne sait rien jusqu'au dernier moment,

    mais sauf un ordre contraire que nous n'espérons pas,

    nous embarquerons mercredi ou jeudi. Le temps s'est

    remis la santé est bonne. Je suis malade en mer.

    J'appréhende beaucoup le voyage, mais j'ai des copains qui

    veilleront sur moi.                                                                          

    Vendredi, 5 Janvier



  • November 28, 2018 06:26:08 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


    15


    ordre. Les "canards" ne manquent pas : c'est tantôt pour

    le Maroc, tantôt pour le sud oranais. Notre capitaine

    demande 11 jours de permission pour France (I). Si on la

    lui accorde c'est bon signe. Je vais sortis pour communiquer

    le rapport aux officiers, puis j'irai souper au

    Restaurant de Toulouse (2), et après un petit tour je

    retrouverai ma paillasse.                                                

    Mardi, 2 Janvier 1917


  • November 28, 2018 06:18:50 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.

    Mardi, 26 Décembre

         Avant d'être désigné pour Bizerte, j'étais destiné à

    rejoindre Mostaganem. Eh bien! Le bataillon de Mostaganem,

    formé bien après le nôtre, est à ce moment

    à Bône pour s'embarquer de suite. Une de ses

    compagnies est à Bizerte! Le transport de l'Etat "La Loire"

    doit la prendre aujourd'hui (I). Pour nous il n'y a aucun

    ____________

    (I) Dans la lettre où je prends ces renseignements, il est dit que le bataillon

    de Mostaganem est à Bône "où un bateau doit l'embarquer de suite pour

    Salonique" Ton monsieur d'Oran, tirailleur de Mostaganem, était en Palestine. Alors?


  • November 28, 2018 06:14:16 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent des nouvelles des zouaves d'Oran.

    Après notre départ beaucoup de gradés sont partis

    directement pour Salonique.

         Il y a ici un camarade d'enfance, Georges Maléa, ami

    surtout de mon frère Louis. Il est tirailleur et appartient

    à la musique. Il m'a invité à manger les macaronis

    demain, chez Lui.


  • November 28, 2018 06:11:56 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.

         Des camarades reçoivent


  • November 28, 2018 06:11:27 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh! rassurez - vous! . . .

    des femmes sur cartes postales! Elles ne coûtent que 4 sous

    et elles ont oublié de s'habiller.


  • November 28, 2018 06:10:04 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.

         Nous avons acheté des femmes. Oh!


  • November 28, 2018 06:09:30 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.

    Il faut croire que cette situation est spéciale au temps

    de guerre; les formations étant là pour quelques jours

    seulement, les chefs se désintéressent.


  • November 28, 2018 06:08:41 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent

    sur les paliers. La plupart du temps on ne peut pas se

    laver le matin faute d'eau aux lavabos, et le soir,

    les robinets ayant été laissés ouverts l'eau se perd et

    inonde le parquet. Dans les chambres il y a 47 poilus

    sur la paille alors que sur les portes on lit : 28 hommes.


  • November 28, 2018 06:06:43 Paraskevas Dimitropoulos

          Comme la destinée est bizarre ! Il y a 13 ans, quand

    je suis venu à Bizerte passer mes vacances chez mon

    frère Louis, j'admirais cette caserne où je suis enfermé

    à présent. Vue de loin elle est superbe. Je mel disais:

    << Au moins les soldats sont bien installés !

    Ils ont tout le confort possible ! >> Ah! Ouiche! Jugeren!

    Dans les couloirs il y a des mazes d'urines

    parce que les cabinets sont en bas et beaucoup d'hommes,

    la nuit, ne veulent pas s'habiller pour descendre

    deux étages. Les cabinets sont dégoûtants. Il y en

    a une dizaine pour mille hommes environ. On trouve

    des lacs dans les urinoirs bouchés. Les ordures restent


Description

Save description
  • 37.2767579||9.8641609||

    Bizerte, Tunisie

  • 35.6970697||-0.6307988||

    Oran, Algérie

  • 40.6400629||22.9444191||

    Salonique

  • 36.0131235||0.1401381||

    Mostaganem, Algérie

  • 36.9264582||7.7525352||

    Bône (Annaba, Algérie)

  • 31.952162||35.233154||

    Palestine

  • 31.791702||-7.09262||

    Maroc

  • 46.227638||2.213749||

    France

  • 40.613007||23.4398508||

    Jankovo, Macédoine (Mesopótamon Anaselítsas)

  • 36.700987||3.0595069999999396||

    ||1
Location(s)
  • Story location
  • Document location Bizerte, Tunisie
  • Additional document location Oran, Algérie
  • Additional document location Salonique
  • Additional document location Mostaganem, Algérie
  • Additional document location Bône (Annaba, Algérie)
  • Additional document location Palestine
  • Additional document location Maroc
  • Additional document location France
  • Additional document location Jankovo, Macédoine (Mesopótamon Anaselítsas)
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ID
21713 / 255799
Source
http://europeana1914-1918.eu/...
Contributor
Archives départementales de la Drôme
License
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


December 24, 1916 – January 7, 1917
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  • Français

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  • Balkans

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