1 Num 1030 - "Ma campagne d'Orient 1917-1918" Pierre Roussel., item 10
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16
seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Ionie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
pas à m'endormir. Dans la nuit je me réveille. Je vais
voir sur le pont. Il fait clair de lune. L'Ionie est
ancré à l'entrée du lac, au milieu du canal.
Mardi, 9 Janvier
Le bruit de la machine me réveille. Il est 4 heures.
Je vais sur le pont. La mer est un peu houleuse. Le
bateau balance légèrement parce qu'il est encore dans
17
le golfe. J'aperçois les feux du cap Blanc. Bientôt l'
"Ionie" tourne vers l'est. L'est alors que la danse
commence.
Le que fut le voyage
Dimanche, 14 Janvier
Nous arrivons à Salonique ver midi. Pendant
presque tout le voyage j'ai été malade et il m'a été
impossible de prendre des notes. Je suis resté dans la salle
à manger des secondes sur un matelas. J'ai mangé un
peu grâce au caporal B . . . , ce cher copain, qui a eu la
chance d'échapper au mal de mer. Il a participé à tous
les repas, s'est placé non loin de moi et m'a passé quelque
nourriture : pain, café, fruits, viande. Les deux
premiers jours furent pénibles pour à peu près tous. On
entendait vomir de toute part. J'ai vomi jusqu'au sang.
Je ne sais comment rien ne s'est rompu dans mes
organes tellement j'ai fait d'efforts. La mer fut
mauvaise et ce n'est que le 13 et le 14 qu'elle se calma
et que je pus aller sur le pont auprès des camarades.
En voyant les autres pâles, les traits très je me suis rendu
compte de la mine que je devais avoir. Tous les jours
il y eut exercise de sauvetage. Je n'ai assisté à aucun d'eux,
malade comme je l'étais. Chaque section se transportait
auprès des radeaux qui lui étaient réservés en cas de
torpillage, et on simulait la manœuvre consistant à
couper les cordages. Il est certain que si c'eût été la
réalité l'on n'aurait pas vu cet ordre et cette discipline.
Cela encore est purement théorique. Nous étions pourvus
d'une ceinture de sauvetage en caoutchouc que l'on
gonflait en soufflant dans un petit tuyau fermé par
un pas de vis. Le voyage ne fut pas nas alerte. Le 10
dans la matinée un coup de canon retentit à l'arrière.
Cout le monde se précipita sur le pont pensant à un
torpillage (I). Le danger me donna la force d'agir. Je pus préparer.
______________________________________________
(I) Du coup je fus sur pieds et je sortis comme les autres. Je me souviens
avoir demandé comment on gonflait la ceinture, car, jusqu'à ce
moment, je ne m'en étais pas soucié, ou plutôt je n'en avais pas eu
la volonté, anéanti par le mal de mer.
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seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Ionie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
pas à m'endormir. Dans la nuit je me réveille. Je vais
voir sur le pont. Il fait clair de lune. L'Ionie est
ancré à l'entrée du lac, au milieu du canal.
Mardi, 9 Janvier
Le bruit de la machine me réveille. Il est 4 heures.
Je vais sur le pont. La mer est un peu houleuse. Le
bateau balance légèrement parce qu'il est encore dans
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le golfe. J'aperçois les feux du cap Blanc. Bientôt l'
"Ionie" tourne vers l'est. L'est alors que la danse
commence.
Le que fut le voyage
Dimanche, 14 Janvier
Nous arrivons à Salonique ver midi. Pendant
presque tout le voyage j'ai été malade et il m'a été
impossible de prendre des notes. Je suis resté dans la salle
à manger des secondes sur un matelas. J'ai mangé un
peu grâce au caporal B . . . , ce cher copain, qui a eu la
chance d'échapper au mal de mer. Il a participé à tous
les repas, s'est placé non loin de moi et m'a passé quelque
nourriture : pain, café, fruits, viande. Les deux
premiers jours furent pénibles pour à peu près tous. On
entendait vomir de toute part. J'ai vomi jusqu'au sang.
Je ne sais comment rien ne s'est rompu dans mes
organes tellement j'ai fait d'efforts. La mer fut
mauvaise et ce n'est que le 13 et le 14 qu'elle se calma
et que je pus aller sur le pont auprès des camarades.
En voyant les autres pâles, les traits très je me suis rendu
compte de la mine que je devais avoir. Tous les jours
il y eut exercise de sauvetage. Je n'ai assisté à aucun d'eux,
malade comme je l'étais. Chaque section se transportait
auprès des radeaux qui lui étaient réservés en cas de
torpillage, et on simulait la man
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seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Ionie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
pas à m'endormir. Dans la nuit je me réveille. Je vais
voir sur le pont. Il fait clair de lune. L'Ionie est
ancré à l'entrée du lac, au milieu du canal.
Mardi, 9 Janvier
Le bruit de la machine me réveille. Il est 4 heures.
Je vais sur le pont. La mer est un peu houleuse. Le
bateau balance légèrement parce qu'il est encore dans
17
le golfe. J'aperçois les feux du cap Blanc. Bientôt l'
"Ionie" tourne vers l'est. L'est alors que la danse
commence.
Le que fut le voyage
Dimanche, 14 Janvier
Nous arrivons à Salonique ver midi. Pendant
presque tout le voyage j'ai été malade et il m'a été
impossible de prendre des notes. Je suis resté dans la salle
à manger des secondes sur un matelas. J'ai mangé un
peu grâce au caporal B . . . , ce cher copain, qui a eu la
chance d'échapper au mal de mer. Il a participé à tous
les repas, s'est placé non loin de moi et m'a passé quelque
nourriture : pain, café, fruits, viande. Les deux
premiers jours furent pénibles pour à peu près tous. On
entendait vomir de toute part. J'ai vomi jusqu'au sang.
Je ne sais comment rien ne s'est rompu dans mes
organes tellement j'ai fait d'efforts. La mer fut
mauvaise et ce n'est que le 13 et le 14 qu'elle se calma
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16
seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Ionie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
pas à m'endormir. Dans la nuit je me réveille. Je vais
voir sur le pont. Il fait clair de lune. L'Ionie est
ancré à l'entrée du lac, au milieu du canal.
Mardi, 9 Janvier
Le bruit de la machine me réveille. Il est 4 heures.
Je vais sur le pont. La mer est un peu houleuse. Le
bateau balance légèrement parce qu'il est encore dans
17
le golfe. J'aperçois les feux du cap Blanc. Bientôt l'
"Ionie" tourne vers l'est. L'est alors que la danse
commence.
Le que fut le voyage
Dimanche, 14 Janvier
Nous arrivons à Salonique ver midi. Pendant
presque tout le voyage j'ai été malade et il m'a été
impossible de prendre des notes. Je suis resté dans la salle
à manger des secondes sur un matelas. J'ai mangé un
peu grâce au caporal B . . . , ce cher copain, qui a eu la
chance d'échapper au mal de mer. Il a participé à tous
les repas, s'est placé non loin de moi et m'a passé quelque
nourriture : pain, café, fruits, viande. Les deux
premiers jours furent pénibles pour à peu près tous. On
-
16
seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Ionie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
pas à m'endormir. Dans la nuit je me réveille. Je vais
voir sur le pont. Il fait clair de lune. L'Ionie est
ancré à l'entrée du lac, au milieu du canal.
Mardi, 9 Janvier
Le bruit de la machine me réveille. Il est 4 heures.
Je vais sur le pont. La mer est un peu houleuse. Le
bateau balance légèrement parce qu'il est encore dans
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seront ensemble dans une cabine. Je ne suis pas considéré
comme comptable, n'étant que caporal, mais le
sergent major, qui est très gentil, m'a promis une
place si c'est possible.
Jour d'embarquement
Lundi, 8 Janvier
Le paquebot "Jonie" de la 6ie Paquet est accosté
depuis samedi après-midi. Il a effectué son chargement.
Les mulets et les arabas du bataillon sont embarques.
Nous devons être à bord à 17 heures. Les ponts sont garnis
de radeaux.
Vers 16 heures le bataillon quitte la caserne Japy.
Je reste avec le sergent fourrier pour liquider la situation
des effets et armes à passer à la 6ie Z! Deux déserteurs
se présentent après le départ des 6ies. Il ne manquait plus
qu'eux pour nous ennuyer, alors que nous sommes si
tracassés. On leur donne leurs affaires tant bien que mal
et nous filons à notre tour. Nous arrivons au moment
où le bataillon venait de défiler sur le quai, après une
allocation de l'amiral Guipratte, et l'embarquement
aussitôt s'effectue au son de la musique
beylicale qui joue des airs indigènes et européens. Elle ne
s'arrête qu'à la tombée de la nuit.
Mon ami D..., caporal fourrier, vient me chercher sur
le pont pour me conduire dans la salle à manger des
secondes où se trouvent les cabines des sous-officiers. Nous
faisons notre premier repas à bord - à nos frais - le
bateau n'étant pas en route. Vers 22 heures je m'allonge
sous une table, car toute la place est prise par les
sergents indigènes qui n'ont pas de cabines. Je ne tarde
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- 21713 / 255800
- Contributor
- Archives départementales de la Drôme
January 7, 1917 – January 14, 1917
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