FRAD066_110bis_Michel Ney, soldat poète et amoureux éconduit, item 7

• July 4, 2017 18:45:02 François Aubrée

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  Le mobile secret de tel acte stoïque,

  On apprendrait qu'on peut devenir héroïque

  Sans avoir d'un héros tout le sang généreux :

  Il suffit, quelquefois, d'être bien malheureux !

  ... J'aurais pourtant voulu conserver le ton digne

  Qu'adopte sans effort celui qui se résigne.

  Ce que j'ai sous les yeux m'attendrit malgré moi...

  Mais à quoi bon, d'ailleurs, excuser mon émoi !

  Au bien du cabestan qui me sert de pupitre

  Alors que je griffonne en hâte cette épitre,

  Un de nos officers, râlant, est étendu,

  La jambe fracturée et le crâne fendu.

  Entre ses doigts crispés il serre quelque chose ...

  J'aperçois cet objet que, par instants, il pose

  sur ses lèvres en fièvre et baise avec ferveur :

  C'est le portrait jauni d'un bel enfant rêveur ...

  Ah ! Combien je regrette, en ce soir d'agonie,

  N'avoir reçu du ciel la mission bénie

  De guider, d'assurer, de fleurir, ici-bas,

  D'un fils que vous m'auriez donné les premiers pas !

  Car je ressentirais beaucoup moins d'amertume

  Au moment de glisser dans ma fosse d'écume

  A vous laisser au coeur l'amour d'un fils en deuil.

  Que la haine inhérente aux blessures d'orgueil !

  ... Mes sens sont apaisés, mon âme est attentive ...

  La chanson de la vague, uniforme et plaintive,

  Ressemble au long soupir des matins d'abandon.

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