FRBDIC-46 Carnets d'artilleur de Paul Bouchon, item 18

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32

Je me rappellerai toujours du Dimanche

que nous venons de passer. Dimanche 

des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie

Nous avons fait connaissance avec le mal 

de mer. Vers midi le vent, un vent 

violent s'élève. La mer commence a 

s'agiter d'une façon inquiétante. Après 

le déjeuner plusieurs camarades

ont des hauts-le-coeur et se 

cramponnent au bastingage. Nous tanguions

énormément et vers 4 heures cela

devient de plus en plus violent. De 

nombreux hommes sont allongés un missing

partiront la face pâle comme des défunts. 

On descend pour le diner. Mais la salle 

a manger qui se trouve a l'arrière 

est intenable. Presque tous se 

sauvent sur le pont sans manger. 

Ce qui ne les empêche pas de vomir. 

Le medecin major passe auprès de nous

il va se coucher, mais il sort bientôt

de sa cabine et appelle le garçon pour 

changer les serviettes. Je n'ai rien 

ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a 

table que 6 intrépides sur 36. 

Il y a du rabio. C'est un va et vient 

incessant vers les cabinets ou l'on 

entend des plaintes désespérées. Il 

est impossible de se tenir debout. On 

se cramponne pour avancer de

quelques mètres. Les officiers ne sont pas 

plus favorisés. Tous ou presque sont couchés

et malades. Ils missingpassé la soupe

des hommes des choses missing. Ils

vomissaient dans les plats et les gamelles

et dans leurs couchettes superposées, les uns 

sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais 


33

a 9 heures du soir visiter les machines et les soutes. 
C'est un véritable enfer. Il y a des nègres et des 

blancs mais il est impossible de les demeler. 

Les machines sont très puissantes. Un énorme

piston fait tourner l'arbre de couche de 

l'hélice. L'Arbre de couche n'a pas moins

de 0,45 de diamètre et 55 mts de longueur

Il va jusqu'à l'arrière dans un petit

tunnel au fond de la cale. Je suis ce 

tunnel jusqu'au bout et j'arrive au-

dessus de l'hélice. On entend un clapo-

tement formidable. L'eau coule au dessous

des planches qui nous supportent. La jointure

de l'hélice et de l'arbre n'est pas complete-

ment etanche. Il y a 4 énormes chaudières 

les soutes sont tout près. On y accède 

par un etroit couloir. Les  soutiens 

tout nus ou presque transportent sans 

arret le charbon dans des sortes de corbeilles

Un porte-voix en forme de trompe permet

de communiquer avec la passerelle

sur le pont superieur où se tient en

permanence l'officier de quart. Tout cela

serait très intéressant pour un mécanicien. 

On remonte ensuite par l'escalier aux rampes

graisseuses. Il est dix heures il faut aller se 

coucher. Mer toujours mauvaise. Hommes

étendus partout sur le pont. 29 mars

J'ai bien dormi malgré le tangage

qui n'a fait que croitre pendant 

la nuit. Je me lève, tout tourne

autour de moi. Je prends le jus. 

Je monte vite sur le pont car il 

ne fait pas bon en bas. Il faut se donner

du mouvement sans quoi on est pris. 

Il faut surtout bien manger. Ce matin

presque tout le monde est malade


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32

Je me rappellerai toujours du Dimanche

que nous venons de passer. Dimanche 

des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie

Nous avons fait connaissance avec le mal 

de mer. Vers midi le vent, un vent 

violent s'élève. La mer commence a 

s'agiter d'une façon inquiétante. Après 

le déjeuner plusieurs camarades

ont des hauts-le-coeur et se 

cramponnent au bastingage. Nous tanguions

énormément et vers 4 heures cela

devient de plus en plus violent. De 

nombreux hommes sont allongés un missing

partiront la face pâle comme des défunts. 

On descend pour le diner. Mais la salle 

a manger qui se trouve a l'arrière 

est intenable. Presque tous se 

sauvent sur le pont sans manger. 

Ce qui ne les empêche pas de vomir. 

Le medecin major passe auprès de nous

il va se coucher, mais il sort bientôt

de sa cabine et appelle le garçon pour 

changer les serviettes. Je n'ai rien 

ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a 

table que 6 intrépides sur 36. 

Il y a du rabio. C'est un va et vient 

incessant vers les cabinets ou l'on 

entend des plaintes désespérées. Il 

est impossible de se tenir debout. On 

se cramponne pour avancer de

quelques mètres. Les officiers ne sont pas 

plus favorisés. Tous ou presque sont couchés

et malades. Ils missingpassé la soupe

des hommes des choses missing. Ils

vomissaient dans les plats et les gamelles

et dans leurs couchettes superposées, les uns 

sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais 


33

a 9 heures du soir visiter les machines et les soutes. 
C'est un véritable enfer. Il y a des nègres et des 

blancs mais il est impossible de les demeler. 

Les machines sont très puissantes. Un énorme

piston fait tourner l'arbre de couche de 

l'hélice. L'Arbre de couche n'a pas moins

de 0,45 de diamètre et 55 mts de longueur

Il va jusqu'à l'arrière dans un petit

tunnel au fond de la cale. Je suis ce 

tunnel jusqu'au bout et j'arrive au-

dessus de l'hélice. On entend un clapo-

tement formidable. L'eau coule au dessous

des planches qui nous supportent. La jointure

de l'hélice et de l'arbre n'est pas complete-

ment etanche. Il y a 4 énormes chaudières 

les soutes sont tout près. On y accède 

par un etroit couloir. Les  soutiens 

tout nus ou presque transportent sans 

arret le charbon dans des sortes de corbeilles

Un porte-voix en forme de trompe permet

de communiquer avec la passerelle

sur le pont superieur où se tient en

permanence l'officier de quart. Tout cela

serait très intéressant pour un mécanicien. 

On remonte ensuite par l'escalier aux rampes

graisseuses. Il est dix heures il faut aller se 

coucher. Mer toujours mauvaise. Hommes

étendus partout sur le pont. 29 mars

J'ai bien dormi malgré le tangage

qui n'a fait que croitre pendant 

la nuit. Je me lève, tout tourne

autour de moi. Je prends le jus. 

Je monte vite sur le pont car il 

ne fait pas bon en bas. Il faut se donner

du mouvement sans quoi on est pris. 

Il faut surtout bien manger. Ce matin

presque tout le monde est malade



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  • May 24, 2017 15:08:36 Florence-Esther BLOYET

    32

    Je me rappellerai toujours du Dimanche

    que nous venons de passer. Dimanche 

    des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie

    Nous avons fait connaissance avec le mal 

    de mer. Vers midi le vent, un vent 

    violent s'élève. La mer commence a 

    s'agiter d'une façon inquiétante. Après 

    le déjeuner plusieurs camarades

    ont des hauts-le-coeur et se 

    cramponnent au bastingage. Nous tanguions

    énormément et vers 4 heures cela

    devient de plus en plus violent. De 

    nombreux hommes sont allongés un missing

    partiront la face pâle comme des défunts. 

    On descend pour le diner. Mais la salle 

    a manger qui se trouve a l'arrière 

    est intenable. Presque tous se 

    sauvent sur le pont sans manger. 

    Ce qui ne les empêche pas de vomir. 

    Le medecin major passe auprès de nous

    il va se coucher, mais il sort bientôt

    de sa cabine et appelle le garçon pour 

    changer les serviettes. Je n'ai rien 

    ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a 

    table que 6 intrépides sur 36. 

    Il y a du rabio. C'est un va et vient 

    incessant vers les cabinets ou l'on 

    entend des plaintes désespérées. Il 

    est impossible de se tenir debout. On 

    se cramponne pour avancer de

    quelques mètres. Les officiers ne sont pas 

    plus favorisés. Tous ou presque sont couchés

    et malades. Ils missingpassé la soupe

    des hommes des choses missing. Ils

    vomissaient dans les plats et les gamelles

    et dans leurs couchettes superposées, les uns 

    sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais 


    33

    a 9 heures du soir visiter les machines et les soutes. 
    C'est un véritable enfer. Il y a des nègres et des 

    blancs mais il est impossible de les demeler. 

    Les machines sont très puissantes. Un énorme

    piston fait tourner l'arbre de couche de 

    l'hélice. L'Arbre de couche n'a pas moins

    de 0,45 de diamètre et 55 mts de longueur

    Il va jusqu'à l'arrière dans un petit

    tunnel au fond de la cale. Je suis ce 

    tunnel jusqu'au bout et j'arrive au-

    dessus de l'hélice. On entend un clapo-

    tement formidable. L'eau coule au dessous

    des planches qui nous supportent. La jointure

    de l'hélice et de l'arbre n'est pas complete-

    ment etanche. Il y a 4 énormes chaudières 

    les soutes sont tout près. On y accède 

    par un etroit couloir. Les  soutiens 

    tout nus ou presque transportent sans 

    arret le charbon dans des sortes de corbeilles

    Un porte-voix en forme de trompe permet

    de communiquer avec la passerelle

    sur le pont superieur où se tient en

    permanence l'officier de quart. Tout cela

    serait très intéressant pour un mécanicien. 

    On remonte ensuite par l'escalier aux rampes

    graisseuses. Il est dix heures il faut aller se 

    coucher. Mer toujours mauvaise. Hommes

    étendus partout sur le pont. 29 mars

    J'ai bien dormi malgré le tangage

    qui n'a fait que croitre pendant 

    la nuit. Je me lève, tout tourne

    autour de moi. Je prends le jus. 

    Je monte vite sur le pont car il 

    ne fait pas bon en bas. Il faut se donner

    du mouvement sans quoi on est pris. 

    Il faut surtout bien manger. Ce matin

    presque tout le monde est malade



  • May 24, 2017 14:58:54 Florence-Esther BLOYET

    32

    Je me rappellerai toujours du Dimanche

    que nous venons de passer. Dimanche 

    des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie

    Nous avons fait connaissance avec le mal 

    de mer. Vers midi le vent, un vent 

    violent s'élève. La mer commence a 

    s'agiter d'une façon inquiétante. Après 

    le déjeuner plusieurs camarades

    ont des hauts-le-coeur et se 

    cramponnent au bastingage. Nous tanguions

    énormément et vers 4 heures cela

    devient de plus en plus violent. De 

    nombreux hommes sont allongés un missing

    partiront la face pâle comme des défunts. 

    On descend pour le diner. Mais la salle 

    a manger qui se trouve a l'arrière 

    est intenable. Presque tous se 

    sauvent sur le pont sans manger. 

    Ce qui ne les empêche pas de vomir. 

    Le medecin major passe auprès de nous

    il va se coucher, mais il sort bientôt

    de sa cabine et appelle le garçon pour 

    changer les serviettes. Je n'ai rien 

    ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a 

    table que 6 intrépides sur 36. 

    Il y a du rabio. C'est un va et vient 

    incessant vers les cabinets ou l'on 

    entend des plaintes désespérées. Il 

    est impossible de se tenir debout. On 

    se cramponne pour avancer de

    quelques mètres. Les officiers ne sont pas 

    plus favorisés. Tous ou presque sont couchés

    et malades. Ils missingpassé la soupe

    des hommes des choses missing. Ils

    vomissaient dans les plats et les gamelles

    et dans leurs couchettes superposées, les uns 

    sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais 





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    Dardanelles

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9589 / 247580
Source
http://europeana1914-1918.eu/...
Contributor
M. Philippe BOUCHON
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http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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