FRBDIC-46 Carnets d'artilleur de Paul Bouchon, item 18
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Je me rappellerai toujours du Dimanche
que nous venons de passer. Dimanche
des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie
Nous avons fait connaissance avec le mal
de mer. Vers midi le vent, un vent
violent s'élève. La mer commence a
s'agiter d'une façon inquiétante. Après
le déjeuner plusieurs camarades
ont des hauts-le-coeur et se
cramponnent au bastingage. Nous tanguions
énormément et vers 4 heures cela
devient de plus en plus violent. De
nombreux hommes sont allongés un
partiront la face pâle comme des défunts.
On descend pour le diner. Mais la salle
a manger qui se trouve a l'arrière
est intenable. Presque tous se
sauvent sur le pont sans manger.
Ce qui ne les empêche pas de vomir.
Le medecin major passe auprès de nous
il va se coucher, mais il sort bientôt
de sa cabine et appelle le garçon pour
changer les serviettes. Je n'ai rien
ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a
table que 6 intrépides sur 36.
Il y a du rabio. C'est un va et vient
incessant vers les cabinets ou l'on
entend des plaintes désespérées. Il
est impossible de se tenir debout. On
se cramponne pour avancer de
quelques mètres. Les officiers ne sont pas
plus favorisés. Tous ou presque sont couchés
et malades. Ils
passé la soupe
des hommes des choses
. Ils
vomissaient dans les plats et les gamelles
et dans leurs couchettes superposées, les uns
sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais
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a 9 heures du soir visiter les machines et les soutes.
C'est un véritable enfer. Il y a des nègres et desblancs mais il est impossible de les demeler.
Les machines sont très puissantes. Un énorme
piston fait tourner l'arbre de couche de
l'hélice. L'Arbre de couche n'a pas moins
de 0,45 de diamètre et 55 mts de longueur
Il va jusqu'à l'arrière dans un petit
tunnel au fond de la cale. Je suis ce
tunnel jusqu'au bout et j'arrive au-
dessus de l'hélice. On entend un clapo-
tement formidable. L'eau coule au dessous
des planches qui nous supportent. La jointure
de l'hélice et de l'arbre n'est pas complete-
ment etanche. Il y a 4 énormes chaudières
les soutes sont tout près. On y accède
par un etroit couloir. Les soutiens
tout nus ou presque transportent sans
arret le charbon dans des sortes de corbeilles
Un porte-voix en forme de trompe permet
de communiquer avec la passerelle
sur le pont superieur où se tient en
permanence l'officier de quart. Tout cela
serait très intéressant pour un mécanicien.
On remonte ensuite par l'escalier aux rampes
graisseuses. Il est dix heures il faut aller se
coucher. Mer toujours mauvaise. Hommes
étendus partout sur le pont. 29 mars.
J'ai bien dormi malgré le tangage
qui n'a fait que croitre pendant
la nuit. Je me lève, tout tourne
autour de moi. Je prends le jus.
Je monte vite sur le pont car il
ne fait pas bon en bas. Il faut se donner
du mouvement sans quoi on est pris.
Il faut surtout bien manger. Ce matin
presque tout le monde est malade
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Je me rappellerai toujours du Dimanche
que nous venons de passer. Dimanche
des Rameaux de 1915 en route vers Alexandrie
Nous avons fait connaissance avec le mal
de mer. Vers midi le vent, un vent
violent s'élève. La mer commence a
s'agiter d'une façon inquiétante. Après
le déjeuner plusieurs camarades
ont des hauts-le-coeur et se
cramponnent au bastingage. Nous tanguions
énormément et vers 4 heures cela
devient de plus en plus violent. De
nombreux hommes sont allongés un
partiront la face pâle comme des défunts.
On descend pour le diner. Mais la salle
a manger qui se trouve a l'arrière
est intenable. Presque tous se
sauvent sur le pont sans manger.
Ce qui ne les empêche pas de vomir.
Le medecin major passe auprès de nous
il va se coucher, mais il sort bientôt
de sa cabine et appelle le garçon pour
changer les serviettes. Je n'ai rien
ressenti jusqu'ici. Nous ne restons a
table que 6 intrépides sur 36.
Il y a du rabio. C'est un va et vient
incessant vers les cabinets ou l'on
entend des plaintes désespérées. Il
est impossible de se tenir debout. On
se cramponne pour avancer de
quelques mètres. Les officiers ne sont pas
plus favorisés. Tous ou presque sont couchés
et malades. Ils
passé la soupe
des hommes des choses
. Ils
vomissaient dans les plats et les gamelles
et dans leurs couchettes superposées, les uns
sur les autres. Je tiens toujours bon. Je vais
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Dardanelles
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Story location Dardanelles
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- 9589 / 247580
- Contributor
- M. Philippe BOUCHON
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