La trève de la boue

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L'un d'eux me demande où je suis

allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

un peu du grand duché de Barde - du

temps - de la boue. Mon interlocuteur

me montrent des cadavres français qui

gisent entre les lignes m'avise que nous

ferions bien de les enterrer...malheureusement

je ne puis transmettre une remarque

dont je reconnais la justesse.

Messieurs les boches désireraient des

journeaux français - je n'en ai pas - mais

je voudrais bien le leur. La difficulté est

vite tranchée. Le boche lance son papier

qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

de mon escouade saute le parapet et va

le chercher.

Puis la nuit vient ; une

nuit froide, humide - douloureuse !

Nous  tanssions. En face une voix s'élève

"Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

Nous ne répondons pas

"Il fait froid, messieurs"

Même silence.

Alors, dédaigneux et méprisant, notre

right page

boche laisse tomber un "oh ! là la !" rempli

de dédain fiel  et qui a l'air de nous dire

"Vous êtes bien fiers"

et la conversation en resta là pour la nuit

Le lendemain même cérémonie que

la veille.

Notre 75 lance une volée d'obus qui,

rasant notre parapet éclatent derrière les

boches. Une ondée d'éclats gicle sur nos tetes

En nous relevant je vois mon interlocuteur

qui me regarde d'un air désabusé. Il hoche

la tete et se frappant le front avec l'index

me dit doctoralement

"artillerie, fou !"

Ils ont le sens de l'ironie, décidément !

Quelques instants après je vois mes

boches disparaître subitement. Qu'il y a t il ?

Je regarde avec inquiétude. Je suis bientot

fixé !

Devant nous, majestueusement et rogue,

brillamment casquée, une tete apparait

et s'immobilise. C'est un officier allemand.

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L'un d'eux me demande où je suis

allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

un peu du grand duché de Barde - du

temps - de la boue. Mon interlocuteur

me montrent des cadavres français qui

gisent entre les lignes m'avise que nous

ferions bien de les enterrer...malheureusement

je ne puis transmettre une remarque

dont je reconnais la justesse.

Messieurs les boches désireraient des

journeaux français - je n'en ai pas - mais

je voudrais bien le leur. La difficulté est

vite tranchée. Le boche lance son papier

qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

de mon escouade saute le parapet et va

le chercher.

Puis la nuit vient ; une

nuit froide, humide - douloureuse !

Nous  tanssions. En face une voix s'élève

"Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

Nous ne répondons pas

"Il fait froid, messieurs"

Même silence.

Alors, dédaigneux et méprisant, notre

right page

boche laisse tomber un "oh ! là la !" rempli

de dédain fiel  et qui a l'air de nous dire

"Vous êtes bien fiers"

et la conversation en resta là pour la nuit

Le lendemain même cérémonie que

la veille.

Notre 75 lance une volée d'obus qui,

rasant notre parapet éclatent derrière les

boches. Une ondée d'éclats gicle sur nos tetes

En nous relevant je vois mon interlocuteur

qui me regarde d'un air désabusé. Il hoche

la tete et se frappant le front avec l'index

me dit doctoralement

"artillerie, fou !"

Ils ont le sens de l'ironie, décidément !

Quelques instants après je vois mes

boches disparaître subitement. Qu'il y a t il ?

Je regarde avec inquiétude. Je suis bientot

fixé !

Devant nous, majestueusement et rogue,

brillamment casquée, une tete apparait

et s'immobilise. C'est un officier allemand.


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  • January 18, 2017 19:44:05 David Gadiou (FR)

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    L'un d'eux me demande où je suis

    allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

    un peu du grand duché de Barde - du

    temps - de la boue. Mon interlocuteur

    me montrent des cadavres français qui

    gisent entre les lignes m'avise que nous

    ferions bien de les enterrer...malheureusement

    je ne puis transmettre une remarque

    dont je reconnais la justesse.

    Messieurs les boches désireraient des

    journeaux français - je n'en ai pas - mais

    je voudrais bien le leur. La difficulté est

    vite tranchée. Le boche lance son papier

    qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

    de mon escouade saute le parapet et va

    le chercher.

    Puis la nuit vient ; une

    nuit froide, humide - douloureuse !

    Nous  tanssions. En face une voix s'élève

    "Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

    Nous ne répondons pas

    "Il fait froid, messieurs"

    Même silence.

    Alors, dédaigneux et méprisant, notre

    right page

    boche laisse tomber un "oh ! là la !" rempli

    de dédain fiel  et qui a l'air de nous dire

    "Vous êtes bien fiers"

    et la conversation en resta là pour la nuit

    Le lendemain même cérémonie que

    la veille.

    Notre 75 lance une volée d'obus qui,

    rasant notre parapet éclatent derrière les

    boches. Une ondée d'éclats gicle sur nos tetes

    En nous relevant je vois mon interlocuteur

    qui me regarde d'un air désabusé. Il hoche

    la tete et se frappant le front avec l'index

    me dit doctoralement

    "artillerie, fou !"

    Ils ont le sens de l'ironie, décidément !

    Quelques instants après je vois mes

    boches disparaître subitement. Qu'il y a t il ?

    Je regarde avec inquiétude. Je suis bientot

    fixé !

    Devant nous, majestueusement et rogue,

    brillamment casquée, une tete apparait

    et s'immobilise. C'est un officier allemand.

  • January 15, 2017 18:29:18 David Gadiou (FR)

    L'un d'eux me demande où je suis

    allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

    un peu du grand duché de Barde - du

    temps - de la boue. Mon interlocuteur

    me montrent des cadavres français qui

    gisent entre les lignes m'avise que nous

    ferions bien de les enterrer...malheureusement

    je ne puis transmettre une remarque

    dont je reconnais la justesse.

    Messieurs les boches désireraient des

    journeaux français - je n'en ai pas - mais

    je voudrais bien le leur. La difficulté est

    vite tranchée. Le boche lance son papier

    qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

    de mon escouade saute le parapet et va

    le chercher.

    Puis la nuit vient ; une

    nuit froide, humide - douloureuse !

    Nous  tanssions. En face une vix s'élève

    "Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

    Nous ne répondons pas

    "Il fait froid, messieurs"

    Même silence.

    Alors, dédaigneux et méprisant, notre

    right page

    boche laisse tomber un "oh ! là la !" rempli

    de dédain fiel  et qui a l'air de nous dire

    "Vous êtes bien fiers"

    et la conversation en resta là pour la nuit

    Le lendemain même cérémonie que

    la veille.

    Notre 75 lance une volée d'obus qui,

    rasant notre parapet éclatent derrière les

    boches. Une ondée d'éclats gigle sur nos tetes

    En nous relevant je vois mon interlocuteur

    qui me regarde d'un air désabusé. Il hoche

    la tete et se frappant le front avec l'index

    me dit doctoralement

    "artillerie, fou !"

    Ils ont le sens de l'ironie, décidément !

    Quelques instants après je vois mes

    boches disparaître subitement. Qu'il y a t il ?

    Je regarde avec inquiétude. Je suis bientot

    fixé !

    Devant nous, majestueusement et rogue,

    brillamment casquée, une tete apparait

    et s'immobilise. C'est un officier allemand.


  • January 15, 2017 18:25:34 David Gadiou (FR)

    L'un d'eux me demande où je suis

    allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

    un peu du grand duché de Barde - du

    temps - de la boue. Mon interlocuteur

    me montrent des cadavres français qui

    gisent entre les lignes m'avise que nous

    ferions bien de les enterrer...malheureusement

    je ne puis transmettre une remarque

    dont je reconnais la justesse.

    Messieurs les boches désireraient des

    journeaux français - je n'en ai pas - mais

    je voudrais bien le leur. La difficulté est

    vite tranchée. Le boche lance son papier

    qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

    de mon escouade saute le parapet et va

    le chercher.

    Puis la nuit vient ; une

    nuit froide, humide - douloureuse !

    Nous  tanssions. En face une vix s'élève

    "Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

    Nous ne répondons pas

    "Il fait froid, messieurs"

    Même silence.

    Alors, dédaigneux et méprisant, notre

    right page

    boche laisse tomber un "oh ! là la !" rempli

    de dédain fiel  et qui a l'air de nous dire

    "Vous êtes bien fiers"

    et la conversation en resta là pour la nuit

    Le lendemain même cérémonie que

    la veille.

    Notre 75 lance une volée d'obus qui


  • January 15, 2017 18:23:19 David Gadiou (FR)

    L'un d'eux me demande où je suis

    allé en allemagne. je réponds. Nous parlons

    un peu du grand duché de Barde - du

    temps - de la boue. Mon interlocuteur

    me montrent des cadavres français qui

    gisent entre les lignes m'avise que nous

    ferions bien de les enterrer...malheureusement

    je ne puis transmettre une remarque

    dont je reconnais la justesse.

    Messieurs les boches désireraient des

    journeaux français - je n'en ai pas - mais

    je voudrais bien le leur. La difficulté est

    vite tranchée. Le boche lance son papier

    qui tombe dans l'entonnoir. Un homme

    de mon escouade saute le parapet et va

    le chercher.

    Puis la nuit vient ; une

    nuit froide, humide - douloureuse !

    Nous  tanssions. En face une vix s'élève

    "Il y a du mal à la gorge, messieurs" (sic!)

    Nous ne répondons pas

    "Il fait froid, messieurs"

    Même silence.

    Alors, dédaigneux et méprisant, notre


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Contributor
Daniel GOUTINES
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http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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