Récit des opérations du printemps 1917

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rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

Un gémissement monta du sol, et à la lueur d'une fusée proche, 

je distinguai quelques blessés boches affalés dans la tranchée. 

_ "Vont-ils se déranger, ces enfants de garce !" grommelait mon

guide. 

A nous trois, le chef de section, un sergent laissé par la

compagnie relevée et moi, nous cherchâmes en vain le boyau de

Parseval ; aucune trace. Un caporal blessé du 90ème, qui attendait

encore dans le fond d'un abri que des brancardiers vinssent le 


chercher, nous assura que le boyau aboutissait avant l'attaque, 

juste en face de la cagna. On ne s'en serait jamais douté. Une fusée

à pistolet déclarée par un guetteur, ne nous révéla qu'un champt

 ...d'entonnoirs à travers lequel on pouvait, à la rigueur, et avec beau-

coup de bonne volonté, discerner un vague cheminement. C'était

cela, le fameux boyau de Parseval. Aussitôt, je fis partir une

patrouille de huit hommes et quelques travailleurs munis de 

pelles, de pioches et de sacs à terre, avec mission de s'installer en 

petit poste sur l'arrière boyau, à une centaine de mètres de la 

tranchée. 

Notre retour au P.C. fut aussi mouvementé que l'aller. 

A un moment, un poilu égaré nous interpella dans l'obscurité. 

_ "Hé les gars ! la onzième escouade, vous savez pas où qu'_

elle perche ?"_ A cet instant précis, j'ai l'impression, pendant

un quart de seconde, qu'un de ces maudits 99 arrive sur nous cent 

fois plus rapide qu'un express lancé à toute vapeur, tellement

les facultés nerveuses exaspérées sont sensibles en ces circonstances. 

Je n'ai qu'un pas à faire pour me blottir dans un trou de marmi-

te profond, mais j'ai l'intuition nette que je n'aurai jamais

le temps de l'accomplir, enlizé comme je le suis dans une bouillie

épaisse qui m'enserre jusqu'aux genoux. J'ai tout juste le 

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rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

Un gémissement monta du sol, et à la lueur d'une fusée proche, 

je distinguai quelques blessés boches affalés dans la tranchée. 

_ "Vont-ils se déranger, ces enfants de garce !" grommelait mon

guide. 

A nous trois, le chef de section, un sergent laissé par la

compagnie relevée et moi, nous cherchâmes en vain le boyau de

Parseval ; aucune trace. Un caporal blessé du 90ème, qui attendait

encore dans le fond d'un abri que des brancardiers vinssent le 


chercher, nous assura que le boyau aboutissait avant l'attaque, 

juste en face de la cagna. On ne s'en serait jamais douté. Une fusée

à pistolet déclarée par un guetteur, ne nous révéla qu'un champt

 ...d'entonnoirs à travers lequel on pouvait, à la rigueur, et avec beau-

coup de bonne volonté, discerner un vague cheminement. C'était

cela, le fameux boyau de Parseval. Aussitôt, je fis partir une

patrouille de huit hommes et quelques travailleurs munis de 

pelles, de pioches et de sacs à terre, avec mission de s'installer en 

petit poste sur l'arrière boyau, à une centaine de mètres de la 

tranchée. 

Notre retour au P.C. fut aussi mouvementé que l'aller. 

A un moment, un poilu égaré nous interpella dans l'obscurité. 

_ "Hé les gars ! la onzième escouade, vous savez pas où qu'_

elle perche ?"_ A cet instant précis, j'ai l'impression, pendant

un quart de seconde, qu'un de ces maudits 99 arrive sur nous cent 

fois plus rapide qu'un express lancé à toute vapeur, tellement

les facultés nerveuses exaspérées sont sensibles en ces circonstances. 

Je n'ai qu'un pas à faire pour me blottir dans un trou de marmi-

te profond, mais j'ai l'intuition nette que je n'aurai jamais

le temps de l'accomplir, enlizé comme je le suis dans une bouillie

épaisse qui m'enserre jusqu'aux genoux. J'ai tout juste le 


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  • May 22, 2017 21:59:43 Florence-Esther BLOYET

    rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

    res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

    Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

    première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

    mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

    où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

    élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

    des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

    de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

    A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

    passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

    et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

    l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

    Un gémissement monta du sol, et à la lueur d'une fusée proche, 

    je distinguai quelques blessés boches affalés dans la tranchée. 

    _ "Vont-ils se déranger, ces enfants de garce !" grommelait mon

    guide. 

    A nous trois, le chef de section, un sergent laissé par la

    compagnie relevée et moi, nous cherchâmes en vain le boyau de

    Parseval ; aucune trace. Un caporal blessé du 90ème, qui attendait

    encore dans le fond d'un abri que des brancardiers vinssent le 


    chercher, nous assura que le boyau aboutissait avant l'attaque, 

    juste en face de la cagna. On ne s'en serait jamais douté. Une fusée

    à pistolet déclarée par un guetteur, ne nous révéla qu'un champt

     ...d'entonnoirs à travers lequel on pouvait, à la rigueur, et avec beau-

    coup de bonne volonté, discerner un vague cheminement. C'était

    cela, le fameux boyau de Parseval. Aussitôt, je fis partir une

    patrouille de huit hommes et quelques travailleurs munis de 

    pelles, de pioches et de sacs à terre, avec mission de s'installer en 

    petit poste sur l'arrière boyau, à une centaine de mètres de la 

    tranchée. 

    Notre retour au P.C. fut aussi mouvementé que l'aller. 

    A un moment, un poilu égaré nous interpella dans l'obscurité. 

    _ "Hé les gars ! la onzième escouade, vous savez pas où qu'_

    elle perche ?"_ A cet instant précis, j'ai l'impression, pendant

    un quart de seconde, qu'un de ces maudits 99 arrive sur nous cent 

    fois plus rapide qu'un express lancé à toute vapeur, tellement

    les facultés nerveuses exaspérées sont sensibles en ces circonstances. 

    Je n'ai qu'un pas à faire pour me blottir dans un trou de marmi-

    te profond, mais j'ai l'intuition nette que je n'aurai jamais

    le temps de l'accomplir, enlizé comme je le suis dans une bouillie

    épaisse qui m'enserre jusqu'aux genoux. J'ai tout juste le 


  • May 22, 2017 21:51:25 Florence-Esther BLOYET

    rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

    res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

    Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

    première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

    mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

    où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

    élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

    des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

    de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

    A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

    passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

    et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

    l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

    Un gémissement monta du sol, et à la lueur d'une fusée proche, 

    je distinguai quelques blessés boches affalés dans la tranchée. 

    _ "Vont-ils se déranger, ces enfants de garce !" grommelait mon

    guide. 

    A nous trois, le chef de section, un sergent laissé par la

    compagnie relevée et moi, nous cherchâmes en vain le boyau de

    Parseval ; aucune trace. Un caporal blessé du 90ème, qui attendait

    encore dans le fond d'un abri que des brancardiers vinssent le 


    chercher, nous assura que le boyau aboutissait avant l'attaque, 

    juste en face de la cagna. On ne s'en serait jamais douté. Une fusée

    à pistolet déclarée par un guetteur, ne nous révéla qu'un champt

     ...d'entonnoirs à travers lequel on pouvait, à la rigueur, et avec beau-

    coup de bonne volonté, discerner un vague cheminement. C'était

    cela, le fameux boyau de Parseval. Aussitôt, je fis partir une

    patrouille de huit hommes et quelques travailleurs munis de 

    pelles, de pioches et de sacs à terre, avec 


  • May 22, 2017 21:47:23 Florence-Esther BLOYET

    rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

    res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

    Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

    première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

    mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

    où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

    élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

    des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

    de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

    A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

    passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

    et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

    l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

    Un gémissement monta du sol, et à la lueur d'une fusée proche, 

    je distinguai quelques blessés boches affalés dans la tranchée. 

    _ "Vont-ils se déranger, ces enfants de garce !" grommelait mon

    guide. 

    A nous trois, le chef de section, un sergent laissé par la

    compagnie relevée et moi, nous cherchâmes en vain le boyau de

    Parseval ; aucune trace. Un caporal blessé du 90ème, qui attendait

    encore dans le fond d'un abri que des brancardiers vinssent le 




  • May 22, 2017 21:44:51 Florence-Esther BLOYET

    rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

    res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

    Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

    première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

    mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

    où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

    élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

    des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

    de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 

    A la lueur des chandelles je reconnaissais mes hommes au 

    passage. Il me sembla voir aussi des formes sombres ramper à terre

    et se ranger devant nous. L'une d'elles nous barrait la route ; 

    l'agent de liaison l'écarta brutalement d'un violent coup de pied. 

    Un 


  • May 22, 2017 21:43:20 Florence-Esther BLOYET

    rien de commun avec ces tranchées aux dimensions réglementai-

    res et tirées au cordeau, creusées en troisième position parle génie. 

    Mais lorsque, l'objectif atteint _ qui était la tranchée de  ...Lutzow _ la

    première vague s'était arrêtée, chaque homme, pour s'abriter, s'était

    mis aussitôt à creuser avec sa pelle portative à l'endroit même 

    où il se trouvait. Ces trous s'étaient ensuite réunis, approfondis et

    élargis. On avait ensuite amélioré la ligne pour l'installation

    des fusils-mitrailleurs et des V.B.; par-ci par-là, un morceau 

    de l'ancienne tranchée boche pouvait encore servir. 



Description

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  • 49.43914700000001||3.785613000000012||

    Tranchée de Lützow

  • 49.43914700000002||3.7862996455078246||

    Craonne

    ||1
Location(s)
  • Story location Craonne
  • Document location Tranchée de Lützow
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ID
12423 / 127324
Source
http://europeana1914-1918.eu/...
Contributor
Mme Sylvie Bretelle
License
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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