FRBDIC-46 Carnets d'artilleur de Paul Bouchon, item 21

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J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

me coucher après avoir été faire un petit tour

au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

missionnaires français. Le camp est au bord

de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

interprète. Suivons a travers les sables, on 

enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

aux subsistances. Responsable. Heureuse-

ment on se débrouillent.


39

7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

vivres. Collège tenu par des frères français avec

musique vient forcer la marseillaise devant notre

campement. Délicate intention de leur part. 

Difficultés pour me faire rembourser mes achats. 

Le payeur me renvoi aux subsistances, les subsistances

me renvoient au Comt, du Comt aux subsistances, 

des subsistances au Sous Intendant, du S/ Int

au Payeur. et ce n'est pas fini. Difficultés

avec le Capne de la 31e au sujet du bois de chauffage. 

8 Avril. Je dormais a minuit comme je n'avais

jamais encore dormi, tout a coup j'entendis des 

sonneries de clairon. C'est la genérale. 

Je me lève en hâte, partirions-nous ? Non c'est

une alerte ; D'Amade nous tient en éveil. 

Il nous veut prêts a tout ; il a raison. 

L'exercice prend fin a 2H 1/2. On se rendort

jusqu'au jour. Nous quitterons bientôt

l'Egypte. On m'apprend que nous partirons 

vers le 14. Est-ce pour les Dardanelles ou la 

Syrie ? Nous allons prendre nos dispositions pour 

ne pas mourir de faim en tout cas. Me fait

 ...engeuler par le payeur. Ces gens-là ne connaissent

cependant pas très bien leur métier. Beau temps

chaud. Journée calme et sans incident. Regarde

les lézards qui filent rapidement sur le sable. Sont

très nombreux. Allons faire un tour le soir au café

chantant. Il y a foule, plusieurs danseuses ; des 

zouaves viennent chanter sur la seine mais leur

voix cependant fortes se perdent dans le bruit 

des vagues qui viennent lécher la falaise tout

auprès a 20 mètres a peine. De notre camp on 

entend toute la nuit le bruit de la mer, c'est 

un mugissement sourd et continu comme ferait 

la vapeur d'échapant d'une chaudière. On quitte

le camp café après avoir chanté en choeur la

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J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

me coucher après avoir été faire un petit tour

au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

missionnaires français. Le camp est au bord

de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

interprète. Suivons a travers les sables, on 

enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

aux subsistances. Responsable. Heureuse-

ment on se débrouillent.


39

7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

vivres. Collège tenu par des frères français avec

musique vient forcer la marseillaise devant notre

campement. Délicate intention de leur part. 

Difficultés pour me faire rembourser mes achats. 

Le payeur me renvoi aux subsistances, les subsistances

me renvoient au Comt, du Comt aux subsistances, 

des subsistances au Sous Intendant, du S/ Int

au Payeur. et ce n'est pas fini. Difficultés

avec le Capne de la 31e au sujet du bois de chauffage. 

8 Avril. Je dormais a minuit comme je n'avais

jamais encore dormi, tout a coup j'entendis des 

sonneries de clairon. C'est la genérale. 

Je me lève en hâte, partirions-nous ? Non c'est

une alerte ; D'Amade nous tient en éveil. 

Il nous veut prêts a tout ; il a raison. 

L'exercice prend fin a 2H 1/2. On se rendort

jusqu'au jour. Nous quitterons bientôt

l'Egypte. On m'apprend que nous partirons 

vers le 14. Est-ce pour les Dardanelles ou la 

Syrie ? Nous allons prendre nos dispositions pour 

ne pas mourir de faim en tout cas. Me fait

 ...engeuler par le payeur. Ces gens-là ne connaissent

cependant pas très bien leur métier. Beau temps

chaud. Journée calme et sans incident. Regarde

les lézards qui filent rapidement sur le sable. Sont

très nombreux. Allons faire un tour le soir au café

chantant. Il y a foule, plusieurs danseuses ; des 

zouaves viennent chanter sur la seine mais leur

voix cependant fortes se perdent dans le bruit 

des vagues qui viennent lécher la falaise tout

auprès a 20 mètres a peine. De notre camp on 

entend toute la nuit le bruit de la mer, c'est 

un mugissement sourd et continu comme ferait 

la vapeur d'échapant d'une chaudière. On quitte

le camp café après avoir chanté en choeur la


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  • May 24, 2017 17:31:18 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

    interprète. Suivons a travers les sables, on 

    enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

    de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

    Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

    de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

    le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

    me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

    aux subsistances. Responsable. Heureuse-

    ment on se débrouillent.


    39

    7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

    de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

    vivres. Collège tenu par des frères français avec

    musique vient forcer la marseillaise devant notre

    campement. Délicate intention de leur part. 

    Difficultés pour me faire rembourser mes achats. 

    Le payeur me renvoi aux subsistances, les subsistances

    me renvoient au Comt, du Comt aux subsistances, 

    des subsistances au Sous Intendant, du S/ Int

    au Payeur. et ce n'est pas fini. Difficultés

    avec le Capne de la 31e au sujet du bois de chauffage. 

    8 Avril. Je dormais a minuit comme je n'avais

    jamais encore dormi, tout a coup j'entendis des 

    sonneries de clairon. C'est la genérale. 

    Je me lève en hâte, partirions-nous ? Non c'est

    une alerte ; D'Amade nous tient en éveil. 

    Il nous veut prêts a tout ; il a raison. 

    L'exercice prend fin a 2H 1/2. On se rendort

    jusqu'au jour. Nous quitterons bientôt

    l'Egypte. On m'apprend que nous partirons 

    vers le 14. Est-ce pour les Dardanelles ou la 

    Syrie ? Nous allons prendre nos dispositions pour 

    ne pas mourir de faim en tout cas. Me fait

     ...engeuler par le payeur. Ces gens-là ne connaissent

    cependant pas très bien leur métier. Beau temps

    chaud. Journée calme et sans incident. Regarde

    les lézards qui filent rapidement sur le sable. Sont

    très nombreux. Allons faire un tour le soir au café

    chantant. Il y a foule, plusieurs danseuses ; des 

    zouaves viennent chanter sur la seine mais leur

    voix cependant fortes se perdent dans le bruit 

    des vagues qui viennent lécher la falaise tout

    auprès a 20 mètres a peine. De notre camp on 

    entend toute la nuit le bruit de la mer, c'est 

    un mugissement sourd et continu comme ferait 

    la vapeur d'échapant d'une chaudière. On quitte

    le camp café après avoir chanté en choeur la


  • May 24, 2017 17:27:54 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

    interprète. Suivons a travers les sables, on 

    enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

    de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

    Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

    de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

    le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

    me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

    aux subsistances. Responsable. Heureuse-

    ment on se débrouillent.


    39

    7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

    de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

    vivres. Collège tenu par des frères français avec

    musique vient forcer la marseillaise devant notre

    campement. Délicate intention de leur part. 

    Difficultés pour me faire rembourser mes achats. 

    Le payeur me renvoi aux subsistances, les subsistances

    me renvoient au Comt, du Comt aux subsistances, 

    des subsistances au Sous Intendant, du S/ Int

    au Payeur. et ce n'est pas fini. Difficultés

    avec le Capne de la 31e au sujet du bois de chauffage. 

    8 Avril. Je dormais a minuit comme je n'avais

    jamais encore dormi, tout a coup j'entendis des 

    sonneries de clairon. C'est la genérale. 

    Je me lève en hâte, partirions-nous ? Non c'est

    une alerte ; D'Amade nous tient en éveil. 

    Il nous veut prêts a tout ; il a raison. 

    L'exercice prend fin a 2H 1/2. On se rendort

    jusqu'au jour. Nous quitterons bientôt

    l'Egypte. On m'apprend que nous partirons 

    vers le 14. Est-ce pour les Dardanelles ou la 

    Syrie ? 


  • May 24, 2017 17:25:42 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

    interprète. Suivons a travers les sables, on 

    enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

    de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

    Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

    de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

    le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

    me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

    aux subsistances. Responsable. Heureuse-

    ment on se débrouillent.


    39

    7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

    de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

    vivres. Collège tenu par des frères français avec

    musique vient forcer la marseillaise devant notre

    campement. Délicate intention de leur part. 

    Difficultés pour me faire rembourser mes achats. 

    Le payeur me renvoi aux subsistances, les subsistances

    me renvoient au Comt, du Comt aux subsistances, 

    des subsistances au Sous Intendant, du S/ Int

    au Payeur. et ce n'est pas fini. Difficultés

    avec le Capne de la 31e au sujet 


  • May 24, 2017 17:22:34 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

    interprète. Suivons a travers les sables, on 

    enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

    de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

    Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

    de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

    le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

    me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

    aux subsistances. Responsable. Heureuse-

    ment on se débrouillent.


    39

    7 Avril. Beau temps chaud. Encore une corvée

    de chamaux pour aller chercher le reste de mes 

    vivres. Collège tenu par des frères français avec

    musique vient forcer la marseillaise devant notre

    campement. Délicate intention de leur part. 



  • May 24, 2017 17:21:27 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 

    interprète. Suivons a travers les sables, on 

    enfonce comme dans de la neige fraiche. Le capitaine

    de la 32e tue un gros serpent a coups de revolver. 

    Faisons plus ou moins bon ménage avec le capitaine 

    de la 31e. Vieux grincheux. Heureusement j'ai 

    le Commant. Erreur dans une distribution. Il 

    me manque 53 K de graisse. Vais réclamer

    aux subsistances. Responsable. Heureuse-

    ment on se débrouillent.


  • May 24, 2017 17:19:25 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a Sidi-Beich

    au camp du 4emissing. Suis guidé par deux

    missionnaires français. Le camp est au bord

    de la mer dans les dunes. Petites montagnes de sable

    mouvant. On n'avance qu'avec peine. On 

    est force de ne charger qu'une dizaine de sacs. 

    et j'en ai deux cent a prendre. Veritable desert. 

    Pas la moindre végétation. Les missionnaires ont 

    été chassés de missingpar les Turcs. Ils me disent 

    leur espoir d'y retourner avec nous. Braves gens

    qui mettent leur vie au service de leur foi et de 

    leur pays. Ne pouvant assurer le transport dans 

    le délai voulu je prends un corvée de 8 chameaux

    Bêtes dociles, portent 350 kg chacun. Conducteurs

    arabes. Impossible de se faire comprendre. A un 


  • May 24, 2017 17:16:19 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut. Je n'ai sur moi qu'une simple couverture. 

    Je pense tout a coup qu'une partie de mes vivres 

    est a l'air. Je me lève et non sans peine je 

    parvient a mettre a l'abri le plus pressé. Je 

    me rendors sous la pluie la tête enfouie sous le 

    foin. La pluie se calme vers le matin. Le temps

    est frais. Vais toucher de l'avoine a 


  • May 24, 2017 17:14:41 Florence-Esther BLOYET

    J'ai reçu en effet une lettre de Jeannette. Elle me 

    dit qu'elle n'a pas reçu de lettres depuis huit 

    jours. Elle trouve le temps long. Pauvre petite. 

    Notre Pierrot cause bien parait-il maintenant. Les

    reverrais-je jamais ? Ayons confiance en Dieu ! Vais

    me coucher après avoir été faire un petit tour

    au bord de la mer. 6 Avril. Nuit mouvementée

    Vers minuit je sens la fraicheur sur les joues. Il 

    pleut


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  • 40.04185555091104||26.290340371875004||

    Dardanelles

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  • Story location Dardanelles
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ID
9589 / 247583
Source
http://europeana1914-1918.eu/...
Contributor
M. Philippe BOUCHON
License
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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