FRAD080 - Une histoire d’amour sous la mitraille, item 1

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Ma gentille petite Soeur,

Tu baisseras dans mon estime si tu t'inquietes sur mon compte. Et puis si tu savais comme tu as tort. Je t'écris assis sur un banc rustique dans un joli petit bois, oh! mais un bois, un bois pas comme tous les bois, un délicieux...  Je voudrais que tu vois mon bois; j'aurais plaisir à te montrer mon installation dans quelque temps, quand il y aura des feuilles. Malheureusement il me sera difficile de t'en faire les honneurs: c'est entre Belfort et Dunkerque mais le Calais-Bale ne s'y arrête pas.

Une feuille pourtant; notre blanc tapis de neige n'est plus maintenant qu'un immense bourbier et  mon château souterrain lui-même ressemble à un vieux bateau qui ferait eau de toutes parts. Et dire qu'il y a 9 jours mes turcos fabriquaient encore d'immenses bonshommes de neige. Ils avaient fait en particulier un Guillaume superbe en casque à pointe avec une barbe qui lui descendait presque à la ceinture.

Je comprends que çà t'amuse d'entendre quelques obus tomber pas bien loin de toi, mais si rien de très très sérieux ne te retiens à Belfort tu ferais mieux de rentrer à Romans. Les petites filles ne jouent pas aux soldats et l'on ne doit pas s'exposer inutilement. Or n'est utile dans cette guerre que ce qui fait du mal aux Boches. Leur fais-tu du mal? Non. Alors va t'abriter.

Au revoir ma petite Jeanne.

Je t'embrasse bien affectueusement

G. Faraud

2 Mars 1916

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Ma gentille petite Soeur,

Tu baisseras dans mon estime si tu t'inquietes sur mon compte. Et puis si tu savais comme tu as tort. Je t'écris assis sur un banc rustique dans un joli petit bois, oh! mais un bois, un bois pas comme tous les bois, un délicieux...  Je voudrais que tu vois mon bois; j'aurais plaisir à te montrer mon installation dans quelque temps, quand il y aura des feuilles. Malheureusement il me sera difficile de t'en faire les honneurs: c'est entre Belfort et Dunkerque mais le Calais-Bale ne s'y arrête pas.

Une feuille pourtant; notre blanc tapis de neige n'est plus maintenant qu'un immense bourbier et  mon château souterrain lui-même ressemble à un vieux bateau qui ferait eau de toutes parts. Et dire qu'il y a 9 jours mes turcos fabriquaient encore d'immenses bonshommes de neige. Ils avaient fait en particulier un Guillaume superbe en casque à pointe avec une barbe qui lui descendait presque à la ceinture.

Je comprends que çà t'amuse d'entendre quelques obus tomber pas bien loin de toi, mais si rien de très très sérieux ne te retiens à Belfort tu ferais mieux de rentrer à Romans. Les petites filles ne jouent pas aux soldats et l'on ne doit pas s'exposer inutilement. Or n'est utile dans cette guerre que ce qui fait du mal aux Boches. Leur fais-tu du mal? Non. Alors va t'abriter.

Au revoir ma petite Jeanne.

Je t'embrasse bien affectueusement

G. Faraud

2 Mars 1916


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  • February 15, 2017 12:03:05 Johannes Laroche

    Ma gentille petite Soeur,

    Tu baisseras dans mon estime si tu t'inquietes sur mon compte. Et puis si tu savais comme tu as tort. Je t'écris assis sur un banc rustique dans un joli petit bois, oh! mais un bois, un bois pas comme tous les bois, un délicieux...  Je voudrais que tu vois mon bois; j'aurais plaisir à te montrer mon installation dans quelque temps, quand il y aura des feuilles. Malheureusement il me sera difficile de t'en faire les honneurs: c'est entre Belfort et Dunkerque mais le Calais-Bale ne s'y arrête pas.

    Une feuille pourtant; notre blanc tapis de neige n'est plus maintenant qu'un immense bourbier et  mon château souterrain lui-même ressemble à un vieux bateau qui ferait eau de toutes parts. Et dire qu'il y a 9 jours mes turcos fabriquaient encore d'immenses bonshommes de neige. Ils avaient fait en particulier un Guillaume superbe en casque à pointe avec une barbe qui lui descendait presque à la ceinture.

    Je comprends que çà t'amuse d'entendre quelques obus tomber pas bien loin de toi, mais si rien de très très sérieux ne te retiens à Belfort tu ferais mieux de rentrer à Romans. Les petites filles ne jouent pas aux soldats et l'on ne doit pas s'exposer inutilement. Or n'est utile dans cette guerre que ce qui fait du mal aux Boches. Leur fais-tu du mal? Non. Alors va t'abriter.

    Au revoir ma petite Jeanne.

    Je t'embrasse bien affectueusement

    G. Faraud

    2 Mars 1916


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  • 49.846722518662965||2.4569073544921594||

    Gentelles, France

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  • Document location Gentelles, France
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ID
17140 / 179889
Source
http://europeana1914-1918.eu/...
Contributor
Michel Jacquemin
License
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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