Récit des opérations du printemps 1917

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Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels leur furent distribués à raison d'une pelle pour deux pioches. L'Allée des Combes, qui coupait en deux un vaste cimetière franco-allemand, nous conduisit à la lisière du bois ; là, on prit le boyau. Nous devions nous y trainer une bonne partie de la nuit. 

Je marchais en tête, suivant le guide. Devant nous s'étendait la plaine de  ...Corbény . Au dessus de nos têtes roulaient les trajectoires des marmites françaises, et des obus boches cherchant nos batteries. Des nuages bas et pesants filaient dans le ciel illuminé par les lueurs des départs et des arrivées et par les fusées amies et ennemies. 

Quel supplice que de conduire la marche d'une centaine d'hommes à la fois en tête, en queue et au centre, partout en même temps. Qu'une marmite s'écrase près du boyau, qu'un timoré s'arrête, tout le monde s'arrête et attend on ne sait quoi. Si un gradé s'inquiète et ordonne de reprendre la marche, il y a toujours quelqu'un pour annoncer : "Le lieutenant a dit d'arrêter !"

La transmission se fait bien dans ce cas et le faux renseignement arrive en queue en un rien de temps, quand il ne se change pas en route en un : "Le lieutenant a dit de reculer !" pendant ce temps, le tronçon de tête a filé et a disparu dans la nuit ou par une sape latérale ; et c'est souvent longtemps après 

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Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels leur furent distribués à raison d'une pelle pour deux pioches. L'Allée des Combes, qui coupait en deux un vaste cimetière franco-allemand, nous conduisit à la lisière du bois ; là, on prit le boyau. Nous devions nous y trainer une bonne partie de la nuit. 

Je marchais en tête, suivant le guide. Devant nous s'étendait la plaine de  ...Corbény . Au dessus de nos têtes roulaient les trajectoires des marmites françaises, et des obus boches cherchant nos batteries. Des nuages bas et pesants filaient dans le ciel illuminé par les lueurs des départs et des arrivées et par les fusées amies et ennemies. 

Quel supplice que de conduire la marche d'une centaine d'hommes à la fois en tête, en queue et au centre, partout en même temps. Qu'une marmite s'écrase près du boyau, qu'un timoré s'arrête, tout le monde s'arrête et attend on ne sait quoi. Si un gradé s'inquiète et ordonne de reprendre la marche, il y a toujours quelqu'un pour annoncer : "Le lieutenant a dit d'arrêter !"

La transmission se fait bien dans ce cas et le faux renseignement arrive en queue en un rien de temps, quand il ne se change pas en route en un : "Le lieutenant a dit de reculer !" pendant ce temps, le tronçon de tête a filé et a disparu dans la nuit ou par une sape latérale ; et c'est souvent longtemps après 


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  • May 22, 2017 19:41:16 Florence-Esther BLOYET

    Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

    Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

    on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels leur furent distribués à raison d'une pelle pour deux pioches. L'Allée des Combes, qui coupait en deux un vaste cimetière franco-allemand, nous conduisit à la lisière du bois ; là, on prit le boyau. Nous devions nous y trainer une bonne partie de la nuit. 

    Je marchais en tête, suivant le guide. Devant nous s'étendait la plaine de  ...Corbény . Au dessus de nos têtes roulaient les trajectoires des marmites françaises, et des obus boches cherchant nos batteries. Des nuages bas et pesants filaient dans le ciel illuminé par les lueurs des départs et des arrivées et par les fusées amies et ennemies. 

    Quel supplice que de conduire la marche d'une centaine d'hommes à la fois en tête, en queue et au centre, partout en même temps. Qu'une marmite s'écrase près du boyau, qu'un timoré s'arrête, tout le monde s'arrête et attend on ne sait quoi. Si un gradé s'inquiète et ordonne de reprendre la marche, il y a toujours quelqu'un pour annoncer : "Le lieutenant a dit d'arrêter !"

    La transmission se fait bien dans ce cas et le faux renseignement arrive en queue en un rien de temps, quand il ne se change pas en route en un : "Le lieutenant a dit de reculer !" pendant ce temps, le tronçon de tête a filé et a disparu dans la nuit ou par une sape latérale ; et c'est souvent longtemps après 


  • May 22, 2017 19:40:00 Florence-Esther BLOYET

    Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

    Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

    on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels leur furent distribués à raison d'une pelle pour deux pioches. L'Allée des Combes, qui coupait en deux un vaste cimetière franco-allemand, nous conduisit à la lisière du bois ; là, on prit le boyau. Nous devions nous y trainer une bonne partie de la nuit. 

    Je marchais en tête, suivant le guide. Devant nous s'étendait la plaine de  ...Corbény . Au dessus de nos têtes roulaient les trajectoires des marmites françaises, et des obus boches cherchant nos batteries. Des nuages bas et pesants filaient dans le ciel illuminé par les lueurs des départs et des arrivées et par les fusées amies et ennemies. 

    Quel supplice que de conduire la marche d'une centaine d'hommes à la fois en tête, en queue et au centre, partout en même temps. Qu'une marmite s'écrase près du boyau, qu'un timoré s'arrête, tout le monde s'arrête et attend on ne sait quoi. Si un gradé s'inquiète et ordonne de reprendre la marche, il y a toujours quelqu'un pour annoncer : "Le lieutenant a dit d'arrêter !"


  • May 22, 2017 19:36:37 Florence-Esther BLOYET

    Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

    Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

    on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels leur furent distribués à raison d'une pelle pour deux pioches. L'Allée des Combes, qui coupait en deux 


  • May 22, 2017 19:36:10 Florence-Esther BLOYET

    Tout à coté de ma  ...cagna , au Centre d'Evreux, deux pièces de 155T.R. étaient en batterie. Les servants manoeuvraient tous en bras de chemise ; la culasse carrée du canon refermée sur l'obus, le tireur attend le signal du chef de pièce, la  ...maire  sur le cordon tiré-feu. Le fracas du départ casse littéralement les oreilles du profane, et après une demie-douzaine de coups, on reste abasourdi pour toute la journée. Le projectile part en produisant le grincement d'une roue de brouette mal graissée, et le spectateur placé dans le prolongement de l'axe de tir, l'aperçoit un instant lorsqu'il arrive au sommet de sa trajectoire. 

    Dans l'après-midi, la compagnie fut désignée de corvée pour l'élargissement du boyau Besnard. Le chantier se trouvait aux trois quarts du chemin environ du Centre d'Evreux à nos premières lignes. La distance n'était pas grande : 4 km 1/2 à peine, en ligne droite, mais il fallait en compter le double par les boyaux. 

    on partit au crépuscule, vers 19 heures. les poilus en armes, défilèrent en file indienne devant le dépôt d'outils, lesquels


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    Craonne

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12423 / 127160
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Mme Sylvie Bretelle
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