1 Num 1030 - "Ma campagne d'Orient 1917-1918" Pierre Roussel., item 15

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près de moi. La conversation languit. Le sergent Colombani

entretient le feu. Je fais connaître son nom car

sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

à une centaine de mètres avec le commandant dans

une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.

Le sergent R . . . dit qu'il faut mettre au feu les planches du

lit. A ces mots l'adjudant, dans un mouvement brusque,

s'écrie : << hein ! >> On a le cœur à plaisanter en de

pareils moments. Et cependant l'état de l'adjudant

paraît grave. Il est toujours secoué de frissons et délire. Il

finit par s'endormir. L'un après l'autre nous nous

abandonnons au sommeil dans la position où nous nous

trouvons. La fatigue, les longues heures, l'emportent.

Seuls les sergents Colombani et R . . . résistent et alimentent

le foyer. A un moment donné ce dernier aussi faiblit.


27


Je le sais parce que le voix de Colombani me tire de ma

torpeur : << Toi aussi , R . . . , tu vas me lâcher ! Alors nous

sommes foutus ! >> Je me réveille de temps en temps. Un

besoin impérieux ( le grand ), m'oblige à sortir! Colombani

veut en faire autant, mais à peine met-il le nez

dehors qu'il y renonce. Je risque gros, étant donné l'écart

de température. Enfin, cela s'effectue sans mal, heureusement!

Le bois faisant défaut, on casse une caisse de

biscuits et on utilise les planches avec parcimonie pour

arriver jusqu'au jour ! La tourmente de neige menace à

tout moment d'emporter nos frêles abris. Grâce à l'énergie

et au dévouement de Colombani, qu'on n'a peut-être

pas appréciés, nous terminons cette nuit terrible sans plus

de mal. Pas un instant ce bon camarade a néglige le feu.

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près de moi. La conversation languit. Le sergent Colombani

entretient le feu. Je fais connaître son nom car

sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

à une centaine de mètres avec le commandant dans

une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.

Le sergent R . . . dit qu'il faut mettre au feu les planches du

lit. A ces mots l'adjudant, dans un mouvement brusque,

s'écrie : << hein ! >> On a le cœur à plaisanter en de

pareils moments. Et cependant l'état de l'adjudant

paraît grave. Il est toujours secoué de frissons et délire. Il

finit par s'endormir. L'un après l'autre nous nous

abandonnons au sommeil dans la position où nous nous

trouvons. La fatigue, les longues heures, l'emportent.

Seuls les sergents Colombani et R . . . résistent et alimentent

le foyer. A un moment donné ce dernier aussi faiblit.


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Je le sais parce que le voix de Colombani me tire de ma

torpeur : << Toi aussi , R . . . , tu vas me lâcher ! Alors nous

sommes foutus ! >> Je me réveille de temps en temps. Un

besoin impérieux ( le grand ), m'oblige à sortir! Colombani

veut en faire autant, mais à peine met-il le nez

dehors qu'il y renonce. Je risque gros, étant donné l'écart

de température. Enfin, cela s'effectue sans mal, heureusement!

Le bois faisant défaut, on casse une caisse de

biscuits et on utilise les planches avec parcimonie pour

arriver jusqu'au jour ! La tourmente de neige menace à

tout moment d'emporter nos frêles abris. Grâce à l'énergie

et au dévouement de Colombani, qu'on n'a peut-être

pas appréciés, nous terminons cette nuit terrible sans plus

de mal. Pas un instant ce bon camarade a néglige le feu.


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  • November 28, 2018 13:25:53 Paraskevas Dimitropoulos

    26


    près de moi. La conversation languit. Le sergent Colombani

    entretient le feu. Je fais connaître son nom car

    sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

    Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

    Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

    ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

    l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

    de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

    vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

    Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

    à une centaine de mètres avec le commandant dans

    une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

    est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

    Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

    Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

    dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

    bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

    extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

    pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

    ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

    courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

    s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

    coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

    aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

    revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

    le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

    est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

    quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

    aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.

    Le sergent R . . . dit qu'il faut mettre au feu les planches du

    lit. A ces mots l'adjudant, dans un mouvement brusque,

    s'écrie : << hein ! >> On a le cœur à plaisanter en de

    pareils moments. Et cependant l'état de l'adjudant

    paraît grave. Il est toujours secoué de frissons et délire. Il

    finit par s'endormir. L'un après l'autre nous nous

    abandonnons au sommeil dans la position où nous nous

    trouvons. La fatigue, les longues heures, l'emportent.

    Seuls les sergents Colombani et R . . . résistent et alimentent

    le foyer. A un moment donné ce dernier aussi faiblit.


    27


    Je le sais parce que le voix de Colombani me tire de ma

    torpeur : << Toi aussi , R . . . , tu vas me lâcher ! Alors nous

    sommes foutus ! >> Je me réveille de temps en temps. Un

    besoin impérieux ( le grand ), m'oblige à sortir! Colombani

    veut en faire autant, mais à peine met-il le nez

    dehors qu'il y renonce. Je risque gros, étant donné l'écart

    de température. Enfin, cela s'effectue sans mal, heureusement!

    Le bois faisant défaut, on casse une caisse de

    biscuits et on utilise les planches avec parcimonie pour

    arriver jusqu'au jour ! La tourmente de neige menace à

    tout moment d'emporter nos frêles abris. Grâce à l'énergie

    et au dévouement de Colombani, qu'on n'a peut-être

    pas appréciés, nous terminons cette nuit terrible sans plus

    de mal. Pas un instant ce bon camarade a néglige le feu.


  • November 28, 2018 12:59:31 Paraskevas Dimitropoulos

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    près de moi. La conversation languit. Le sergent Colombani

    entretient le feu. Je fais connaître son nom car

    sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

    Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

    Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

    ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

    l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

    de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

    vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

    Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

    à une centaine de mètres avec le commandant dans

    une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

    est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

    Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

    Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

    dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

    bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

    extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

    pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

    ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

    courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

    s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

    coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

    aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

    revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

    le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

    est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

    quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

    aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.

    Le sergent R . . . dit qu'il faut mettre au feu les planches du

    lit. A ces mots l'adjudant, dans un mouvement brusque,

    s'écrie : << hein ! >> On a le cœur à plaisanter en de

    pareils moments. Et cependant l'état de l'adjudant

    paraît grave. Il est toujours secoué de frissons et délire. Il

    finit par s'endormir. L'un après l'autre nous nous

    abandonnons au sommeil dans la position où nous nous

    trouvons. La fatigue, les longues heures, l'emportent.

    Seuls les sergents Colombani et R . . . résistent et alimentent

    le foyer. A un moment donné ce dernier aussi faiblit.


  • November 28, 2018 12:55:25 Paraskevas Dimitropoulos

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    près de moi. La conversation languit. Le sergent Bolombani

    entretient le feu. Je fais connaître son nom car

    sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

    Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

    Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

    ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

    l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

    de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

    vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

    Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

    à une centaine de mètres avec le commandant dans

    une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

    est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

    Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

    Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

    dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

    bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

    extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

    pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

    ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

    courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

    s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

    coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

    aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

    revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

    le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

    est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

    quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

    aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.

    Le sergent R . . . dit qu'il faut mettre au feu les planches du

    lit. A ces mots l'adjudant, dans un mouvement brusque,

    s'écrie : << hein ! >> On a le c


  • November 28, 2018 12:54:30 Paraskevas Dimitropoulos

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    près de moi. La conversation languit. Le sergent Bolombani

    entretient le feu. Je fais connaître son nom car

    sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

    Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

    Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

    ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

    l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

    de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

    vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

    Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

    à une centaine de mètres avec le commandant dans

    une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

    est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

    Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

    Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

    dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

    bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

    extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

    pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

    ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

    courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

    s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

    coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

    aussi est allongé, protégé par son caoutchouc. Le malade

    revient, disant qu'il meurt de froid là-bas et que

    le major lui a fait boire de l'alcool à 90 degrés. Puis il

    est pris de délire. Il nous fait rire par ses propos : << Pour-

    quoi avoir mis le feu à ma chambre? . . . Je veux sortir,

    aller en ville . . . Pourquoi brûler tous les meubles ? >>.


  • November 28, 2018 12:52:31 Paraskevas Dimitropoulos

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    près de moi. La conversation languit. Le sergent Bolombani

    entretient le feu. Je fais connaître son nom car

    sa conduite fut vraiment méritoire en cette circonstance.

    Une fumée âcre pénètre dans la gorge et brûle les yeux.

    Cela devient intolérable, mais il est préférable de souffris

    ainsi que de s'exposer au froid! Cout à coup

    l'adjudant est pris d'un malaise indéfinissable. Il tremble

    de tous ses membres, se plaint de l'estomac, a envie de

    vomis et répète : << Ah! mes amis ! >> Il pleure presque.

    Le chef propose de le conduire au major qui se trouve

    à une centaine de mètres avec le commandant dans

    une bâtisse en ruines ouverte à tous les vents. Le froid

    est si vif, la nuit si noire que personne ne bouge.

    Finalement le chef se lève pour accompagner le malade.

    Il est vite de retour et nous raconte qu'il est tombé

    dans un trou de neige et que son caoutchouc a un

    bel accroc. Peu à peu le sommeil nous prend. M . . . est

    extraordinaire : il veut << faire sa toilette >>. Ce n'est pas

    pour rire. Alors qu'on n'ose pas faire un mouvement

    ni s'écarter du foyer d'une semelle, il a le

    courage de se déshabiller, de changer de caleçon, puis il

    s'enveloppe dans un couvre - pied, se case dans un

    coin et roupille comme dans son lit. Se sergent Ge. . .

    aussi est allongé, protégé par son caoutchouc.


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http://europeana1914-1918.eu/...
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Archives départementales de la Drôme
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http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/


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