ACA4640172 - Victor PETITBON, la Grande Guerre d'un ferblantier de Monein (64360)
Title in English
Post Cards from Victor Petitbon
Victor Petitbon est né le 8 septembre 1881 à Monein (64360). Avant la Guerre, il est ferblantier et son épouse Marcelle tient le Café Boy, rue du Commerce à Monein. En 1914 il est mobilisé au grade de caporal au 34e Régiment d'infanterie, 1ère Compagnie, 2e Section. Son épouse, surnommée Marceline, et lui étaient parents de deux garçons, Émile dit Milette, et Charles, dit Charlot.
Pendant toute la guerre, Victor Petitbon adresse à son épouse une correspondance dans laquelle il évoque son quotidien sur le front ou la météo. Elle est surtout un moyen de conserver le contact avec sa femme et ses enfants, centre de ses pensées, et de leur adresser, par-delà l'éloignement, de constants témoignages d'affection et d'amour.
Blessé en septembre 1914, Victor Petitbon est évacué vers la 18e section d'infirmerie de l'hôpital temporaire de Biarritz installé au Casino municipal. Le 9 septembre il écrit : "je viens t'annoncer que je suis arrivé à Bayonne aujourd'hui. Nous avons quitté Narbonne depuis dimanche, nous sommes arrivés hier à Bordeaux pour être dirigés sur Biarritz. Il arrive demain 800 blessés. Nous sommes cantonnés à l'arsenal et nous mangeons à l'hôpital. Nous attendons des ordres pour partir à Biarritz demain (...). Je t'enverrai ma nouvelle adresse aussitôt arrivé à Biarritz". Il s'y trouve encore à la fin du mois de mai 1915. La correspondance n'en dit rien, mais il est très probable que Victor Petitbon bénéficia d'une permission pendant cette période : son second fils, Charles, naquit le 12 novembre 1915.
Mais d'après une carte envoyée d'Hagetmau, il avait déjà repris la route de l'Est de la France au mois de juillet 1915. La correspondance s'interrompt ensuite jusqu'au 7 août 1916. Il envoie à son épouse et à ses enfants une carte postale représentant une caricature de la vie du poilu : "ma chère petite femme, mes chers enfants. Je t'envoie ici un petit aperçu. Voilà exactement mais pas si grandiose que ça la vie de tranchée ; seulement à ce moment nous avons les pieds bien plus mouillés que ceux-là. En fait de cantonnement pour le repos nous allons dans un grand bois et j'espère y arriver en bonne saison pour manger quelques champignons (...). J'avais trouvé des noisettes que je suis en écrivant en train d'en serrer quelques-unes entre mes doigts. A ce qu'il parait dans la Somme les affaires marchent pas mal. Nous avons la cannonade qui n'arrête pas une seconde, il y a des moments où on ne s'entend plus tellement que ça cogne. Aurais-je le plaisir de goûter le vin de Pardies à ma première permission avant que tu le vendes. Vas-tu en faire grandement pour pouvoir faire bonne provision (...). A quand le bonheur de revoir ma Marcelline, mon Millette et mon petit Charlot. Moi je me porte toujours très bien et j'espère qu'il en va de même pour toi et les enfants que tu n'oublieras pas d'embrasser pour moi. Mille poutous et bon souvenir affectueux pour sa Marcelle".
Victor Petitbon est toujours au front en juillet 1917. Les cartes postales qu'il envoie représentent des vues de Gildwiller et Balschwiller (Haute-Alsace), et de Belfort ; elles ne figurent pas les lieux d'où il écrit, seulement ceux où il les a achetées, pour en faire réserve, sur la route du front. Dans l'une d'elles il annonce qu'il doit quitter les tranchées le lendemain pour partir en repos pour 6 jours. Il regrette peu de ne pas avoir de permission proche, mais tempère sa déception en reconnaissant que le moral est "tellement bas quand on doit repartir" vers le front. Il termine son courrier en écrivant sa joie d'avoir reçu des nouvelles reçues de ses enfants ; il s'informe de la vigne de Pardies et s'amuse en cela de la surprise de son épouse.
La correspondance, très suivie, est toujours optimiste, nonobstant les brèves évocations de la vie au front.
Le 4 août 1917, au dos d'une carte représentant les environs de Vesoul, lui et ses camarades sont "toujours en train de patauger dans la boue comme des canards, toujours la pluie", mais "le moral est bon, les troupes sont fraîches". Le 8 août, au dos d'une carte postale représentant une caricature de Paul Déroulède en Zouave sonnant le clairon, qu'il envoie "à mon petit Milette, j'espère qu'il va être fier de voir le zouzou sonner la revanche. Mes plus doux baisers pour mes trois exilés".
A partir du 10 août cependant, et le mois suivant, le tonalité des cartes postales envoyées se dégrade : il fait toujours très mauvais temps, il est "mouillé toute la journée et nuit et rien pour se changer" ; il craint des dégâts pour la récolte à Monein, "tout s'en mêle dans cette guerre". Mais il souhaite que la carte, qui représente le Lion de Belfort, fera plaisir à ses fils, et de recommander à sa femme de "conserver bien ces cartes".
A la fin du mois d'août, Victor Petitbon est placé en réserve puis en repos pour 12 jours ; il revient de première ligne ; il a croisé des "copains" dans le régiment qui a relevé le sien ; ils ont évoqué leurs permissions, il en a "mal au coeur" : lui n'en a pas encore profité, il lui faut encore "attendre son tour pour aller voir ses enfants".
L'annonce d'une prochaine permission lui parvient enfin au début du mois de septembre 1917, alors qu'il fait toujours très mauvais temps. Il aura besoin d'argent et demande à son épouse de lui en envoyer, non sans manifester son embarras devant cette demande pressante. Mais il faut encore attendre : le 10 septembre 1917 Victor Petitbon est encore au front ; le bataillon auquel il appartient sera certes relevé le lendemain mais pour être envoyé vers un nouveau secteur : c'est toujours un moment de crainte, il quitte une zone relativement calme, peut-être pour être envoyé vers un front plus exposé et engagé : "je crois que nous pouvons courir pour en trouver un autre pareil. Nous allons probablement voyager quelques jours avant d'arriver à destination et je crois qu'après ça ma permission ne sera pas loin. Je n'ai pas reçu encore d'argent et j'espère bien que tu me l'auras envoyé. Je te tiendrai au courant pendant mon trajet, je t'enverrais au moins une carte tous les jours si je ne suis pas trop fatigué. Embrasse Milette et Charlot et reçois ma chère petite femme 1 million de doux baisers de ton époux".
Le 21 septembre 1917, la permission n'est toujours pas arrivée. Le régiment de Victor Petitbon se prépare à une prise d'arme à l'occasion d'une cérémonie de décoration. La permission reste très attendue : "vivement que je déguerpisse car içi je crois que nous allons devenir tous marteau. J'espère que Millette viendra me chercher à la gare ; j'enverrai une dépêche de Bordeaux pour que ma Marcelline me prépare une bonne garbure. Mes plus doux baisers pour tous les trois".
Las, le lendemain, "nous voilà prêts à remonter aux tranchées. Je crois que nous remontons demain au soir", toutefois vers un secteur moins engagé et difficile. "Il parait que nos permissions sont parties au bureau du colonel et dans une huitaine de jours elles arriveront. Moi je suis en bonne santé et maintenant en fait de service je ne pense qu'à ma permission".
La correspondance ne reprend ensuite que le 14 mars 1918. Au dos d'une carte postale représentant des avions et intitulée "Souvenir du 2e Groupe d'Aviation - A. Vettard, Lyon" il écrit : "Ma chère Marcelline, mes chers enfants, me voici complètement au milieu d'oiseaux sans plume".
Victor Petitbon rejoignit définitivement son foyer et le café Boy à Monein en février 1919 après sa démobilisation.
Summary description of items
31 cartes postales, envoyée par Victor Petitbon à son épouse Marceline entre septembre 1914 et 14 mars 1918.
Transcription status
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- ID
- 10019
- Number of items
- 14
- Person 1
- Victor PETITBON
Born: September 8, 1881 in Monein
- Person 2
- Marcelle PETITBON
- Language
- Français
- Keywords
- Bayonne, Biarritz, Bordeaux, Narbonne, Paul Déroulède, Trench Life, Women
- Front
- Western Front
- Location
- Monein
- Contributor
- Jacqueline Petitbon